Dès l’antiquité, l’artemsia absinthium (absinthe, tire son nom d’Artemis, déesse grecque de la lune et fille de Zeus) est utilisée dans de nombreux remèdes visant à soigner fièvre, dysenterie, maux d’estomac, douleurs menstruelles, notamment.
A Couvet en Suisse, un major Dubied consulte une rebouteuse, la mère Henriod, détentrice d’un élixir de santé à base d’absinthe, savoureux, qu’il s’empresse de racheter. Associé à son beau-fils Henri-Louis Pernod, il distille l’absinthe dans ce qui deviendra la maison Dubied Père et Fils en 1798, plus tard reprise par Fritz Duval.
L’absinthe d’apéritif trouve vite ses adeptes, aussi en-dehors du Val-de-Travers. Pernod expatrié en France à Pontarlier, il inaugure la maison Pernod Fils en 1805. La guerre d’Algérie exporte le breuvage des fées, on assure qu’il soigne la dysenterie et même… la malaria. Mais l’absinthe est aussi appréciée pour ses vertus autres que médicinales. Les officiers la font découvrir à la bonne société. Ce qu’on appellera « l’Heure Verte » devient un rituel en France entre cinq et sept heures ; les cuillères se couvrent de sucre et se gorgent d’absinthe dans l’hexagone. On la boit « au sucre », « anisée » avec un sirop d’anis, ou « gommée » accompagnée d’un sirop de gomme. Les Français consomment alors près de deux litres d’absinthe par habitant et par an.
Plus distinguée qu’un vulgaire « apéritif », plus contestée qu’un verre de vin, elle séduit rapidement les hautes sphères européennes, intellectuels, poètes, peintres… mais aussi les classes ouvrières qui consommaient, au début du 20e siècle, près de 12 absinthes par jours, dit-on !
Mais l’absinthe ne fait pas l’unanimité. On raconte qu’elle rend fou, que la thuyone qu’elle contient est un poison. A l’époque, un litre d’absinthe pouvait contenir qu’à 260mg de thuyone, contre 35 mg aujourd’hui autorisés.